Les régulateurs de l’UE se concentrent sur l’implication des banques dans la cryptographie : une nouvelle ère de surveillance ?

  • Les régulateurs de l’UE lancent une enquête sur les interactions des banques avec les institutions financières non bancaires dans le domaine de la cryptographie.
  • L'UE adopte une approche prudente pour réglementer la cryptographie, notamment en examinant les risques associés aux transactions en monnaie numérique et en imposant des mesures strictes.
  • L'Autorité bancaire européenne se prépare à l'adoption de la réglementation MiCA, mettant l'accent sur la divulgation complète des risques liés à la propriété de jetons et encourageant l'intégration de la finance décentralisée (DeFi) dans le cadre réglementaire.

Dans le cadre d'une démarche concernant la cryptographie, l'Autorité bancaire européenne (ABE), en collaboration avec le Conseil européen du risque systémique (CERS) et le Conseil de stabilité financière (CSF), a annoncé une initiative conjointe visant à étudier l'interconnectivité des banques traditionnelles avec les banques non bancaires. institutions financières (IFNB).

Mettre en lumière le système bancaire parallèle

Comme l’a révélé le président de l’ABE, José Manuel Campa, dans une interview accordée au Financial Times, cette décision vise à mettre en lumière les risques potentiels et les effets de contagion qui pourraient survenir entre les secteurs financiers bancaires et non bancaires dans des « scénarios de stress ».

L'approche de l'ABE marque une étape importante dans la compréhension de l'étendue de l'exposition des banques au secteur de la cryptographie, y compris les fonds spéculatifs, les plateformes de cryptographie et le capital-investissement.

Les régulateurs de l’UE se concentrent sur l’implication des banques dans la cryptographie : une nouvelle ère de surveillance ?

L'enquête de l'ABE consistera à évaluer les expositions du bilan des banques envers le secteur non bancaire, en plongeant dans les eaux troubles des IFNB, que Campa qualifie de « secteur obscur » caractérisé par une qualité de données diversifiée et souvent « non homogène ».

Selon les données du FSB, cette initiative intervient à un moment où la valeur totale des actifs détenus par les IFNB est estimée à plus de 200 000 milliards de dollars.

La position de l'UE en matière de cryptographie, un exercice d'équilibre ?

L'approche de l'Union européenne en matière de réglementation de la cryptographie a été prudemment neutre, et cette dernière enquête fait partie d'un cadre réglementaire plus large. Même si la réglementation globale sur les marchés de crypto-actifs (MiCA) ne devrait pas être pleinement mise en œuvre avant 2026, l’UE n’a pas hésité dans ses efforts de réglementation.

Cela inclut d'enquêter sur les expositions des banques en matière de monnaie numérique et d'imposer des mesures strictes aux utilisateurs de crypto-monnaie non vérifiés. En juillet de l’année dernière, les législateurs européens ont introduit des limites importantes, plafonnant les transactions à 1 000 € pour les utilisateurs de crypto non vérifiés et à 7 000 € pour les paiements en espèces pour la même catégorie.

Ces mesures faisaient partie d'un plan plus vaste visant à réorganiser la réglementation anti-blanchiment d'argent (AML) dans l'ensemble de l'UE. Le législateur français Damien Carême, à la tête des négociations AML, a souligné que ces lois ciblent le blanchiment d'argent et n'interdisent pas particulièrement les transactions cryptographiques, notant :

Nous n’empêchons absolument pas les transactions cryptographiques. C'est juste quand l'identification n'est pas possible.

Simultanément, l’ABE se prépare activement à l’adoption de la réglementation MiCA. Le même mois, l'autorité a conseillé aux émetteurs de stablecoins de se préparer à la conformité MiCA afin d'éviter des ajustements commerciaux brusques à l'avenir.

Les principes de l'ABE exigent une divulgation complète des droits et des risques associés à la propriété de jetons, un traitement équitable de tous les détenteurs et des dispositions solides en matière de réserve, de recouvrement et de rachat.

L'Association des marchés financiers en Europe (AFME), un organisme commercial européen clé, recommande fortement d'intégrer la finance décentralisée (DeFi) dans le cadre de la réglementation MiCA.

L’AFME souligne que négliger DeFi pourrait conduire à un arbitrage réglementaire, compromettant l’efficacité attendue des mesures réglementaires à venir.