Le Trésor américain s’attaque au financement illicite lié aux crypto-monnaies  : une répression accrue est-elle à l’horizon  ?

  • Le département du Trésor américain souhaite renforcer sa lutte contre le financement illicite lié aux crypto-monnaies
  • Cependant, la tâche est compliquée par la difficulté à tracer les transactions cryptographiques illicites
  • Malgré ces défis, certaines entreprises de cryptographie collaborent avec les autorités pour lutter contre le crime et le blanchiment d'argent

Dans un récent rapport de Bloomberg, il a été révélé que le département du Trésor américain exhortait les législateurs à lui accorder des pouvoirs d'application supplémentaires dans sa lutte contre les fournisseurs étrangers de services de cryptomonnaie. L’objectif principal de cette demande est de sauvegarder les intérêts de sécurité nationale.

Des obstacles croissants dans le traçage des transactions cryptographiques illicites

Le secrétaire adjoint Adewale O. Adeyemo, dans son témoignage écrit devant une audition au Sénat, a souligné le « défi croissant » que représente l’identification et le suivi des individus impliqués dans des activités illicites qui exploiteraient prétendument l’anonymat offert par les actifs cryptographiques.

Adeyemo a souligné que les « acteurs malveillants », y compris les terroristes, adaptent continuellement leurs méthodes pour contourner les mesures mises en œuvre pour leur couper l’accès aux systèmes financiers traditionnels.

Le Trésor américain s’attaque au financement illicite lié aux crypto-monnaies  : une répression accrue est-elle à l’horizon  ?

Adeyemo a cité des cas où la force iranienne Quds, qui fait partie du Corps des Gardiens de la révolution islamique, a utilisé la cryptographie pour transférer des fonds à des groupes militants tels que le Hamas et le Jihad islamique palestinien à Gaza. Il a également fait part de ses inquiétudes quant à l’implication croissante d’acteurs étatiques comme la Corée du Nord et la Russie dans l’utilisation des actifs numériques.

Pour lutter contre ces menaces, Adeyemo exhorte les législateurs à autoriser la mise en œuvre de sanctions secondaires ciblant les fournisseurs étrangers d'actifs numériques qui facilitent le financement illicite.

Cet outil proposé vise à accroître la capacité du département du Trésor à adapter ses stratégies de ciblage en réponse aux « changements technologiques » qui ont rendu les systèmes de paiement traditionnels apparemment moins efficaces contre les actifs numériques.

Le département du Trésor cherche également à obtenir une juridiction explicite sur les principaux acteurs des actifs numériques, y compris les bourses de crypto-monnaie, ainsi que le pouvoir de prendre des mesures contre les plateformes de crypto-monnaie basées à l'étranger qui exploitent le système financier américain tout en constituant une menace pour la sécurité nationale.

Adeyemo a affirmé que sans les « outils nécessaires » fournis par l'action du Congrès, l'utilisation des actifs virtuels par les acteurs illicites se développerait probablement de manière incontrôlée.

Lutte contre le financement illicite

Malgré les affirmations des régulateurs et des législateurs selon lesquelles l’industrie de la cryptographie facilite le financement illicite et les activités liées au terrorisme, il existe des cas notables où l’industrie travaille avec les autorités pour lutter contre ces problèmes.

Tout au long de 2023 et une partie de 2024, l’émetteur de stablecoin Tether a travaillé avec les autorités américaines et la bourse de crypto-monnaie OKX pour geler 225 millions de dollars de son stablecoin lié à un syndicat criminel.

Le PDG de Tether, Paolo Ardoino, a défendu les opérations de l'entreprise en mettant l'accent sur la transparence et la traçabilité des transactions sur les blockchains publiques, faisant de l'USDT, le stablecoin de l'entreprise, un « choix peu pratique » pour mener des activités illicites.

En outre, lors d’une conférence mondiale sur la finance criminelle et les crypto-monnaies organisée par Europol, il a été souligné qu’une meilleure compréhension et des capacités accrues dans le domaine numérique sont cruciales pour lutter contre la criminalité organisée physique et virtuelle et le blanchiment d’argent.

La conférence a souligné le rôle central des crypto-monnaies pour aider les agences internationales de lutte contre la criminalité à prévenir les activités criminelles avant qu'elles ne se produisent.

Aux États-Unis, la sénatrice Cynthia Lummis a toujours défendu l’industrie de la cryptographie, affirmant que les actifs cryptographiques ne sont pas le problème mais plutôt les mauvais acteurs du secteur.

Lummis a souligné dans une déclaration vidéo que juger toute une industrie émergente sur la base de données incorrectes serait une erreur, soulignant la nécessité de faire la distinction entre la technologie elle-même et ceux qui l'utilisent à mauvais escient.

Alors que les régulateurs et les législateurs continuent de surveiller l’industrie, ces efforts démontrent l’engagement en faveur de la conformité, de la prévention des activités illicites et de la promotion d’un écosystème plus sûr.

L’établissement d’une collaboration continue entre les régulateurs, les forces de l’ordre et les sociétés de cryptographie est primordial pour parvenir à un équilibre entre innovation et sécurité. Il est essentiel d’éviter d’étouffer l’innovation et d’imposer des exclusions générales qui empêchent l’industrie et ses entreprises d’offrir leurs services aux États-Unis ou dans tout autre pays.

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