Voici ce que nous pouvons apprendre de la réponse du Canada à l'inflation dans les années 1980 et 1990

  • Canada dans les années 1980 et 1990 : Grave problème d'inflation, plan pour ramener l'inflation à un niveau cible.
  • Pandémie et inflation : Inflation causée par la pandémie COVID-19, intervention de la Banque du Canada pour contrôler l'inflation.
  • Maîtrise de l'inflation : Augmentation des taux d'intérêt pour maîtriser l'inflation, succès relatif en baissant l'inflation à 3.1% en octobre et novembre 2023.

Au cours des deux dernières années, l’inflation a été une préoccupation majeure pour les Canadiens. C'est une taxe sur les ménages. Lorsque les prix augmentent, le pouvoir d’achat de chaque dollar gagné diminue.

Cela génère d’énormes pertes pour l’économie, ainsi que pour les ménages à revenu fixe, et accroît l’incertitude, rendant plus difficile la planification de l’avenir.

La vraie question dans l’esprit de nombreux économistes est de savoir quelle sera la tendance de l’inflation et quand les taux d’intérêt commenceront à baisser et à soulager les Canadiens.

Voici ce que nous pouvons apprendre de la réponse du Canada à l'inflation dans les années 1980 et 1990

Bien que cet épisode d’inflation ait créé des défis pour beaucoup, ce n’est pas la première fois que le Canada vit une telle expérience ; Nous sommes déjà venus ici.

L'inflation dans les années 80 et 90

Le Canada a été confronté à un grave problème d'inflation dans les années 1980 et 1990, lorsque l'indice d'inflation des prix à la consommation (IPC) a atteint 13 pour cent en 1980 et se situait encore à 7 pour cent en 1991.

Pour résoudre ce problème, en 1991, la Banque du Canada et le ministre des Finances se sont entendus sur un plan visant à ramener l'inflation à un niveau cible. Initialement, ce chiffre était de six pour cent, mais ce chiffre a été ramené à deux pour cent (dans une fourchette de un à trois pour cent).

La Banque du Canada utilise le taux du financement à un jour pour contrôler l'inflation. Ce taux détermine les taux des bons du Trésor de l'État, le taux d'escompte et les prêts hypothécaires à taux variable.

En août 1981, la Banque du Canada a poussé ce taux bien au-dessus de 20 pour cent, ce qui équivaut aujourd'hui à un coût hypothécaire à taux variable de près de 23 pour cent. En mai 1990, la banque centrale a augmenté le taux jusqu'à près de 14 pour cent. Dans les deux cas, la banque centrale a fait baisser l’inflation, mais au prix d’un grave ralentissement économique.

La pandémie a alimenté l’inflation

L’objectif d’inflation a été renouvelé pour la dernière fois en décembre 2021. Il a été remarquablement efficace jusqu’à l’été 2021, lorsque l’inflation a dépassé la fourchette de 3 % et a culminé à plus de 8 % en juin 2022.

La cause profonde de cette inflation n’est pas d’origine intérieure comme c’était le cas dans les années 1990. Il s’agissait plutôt d’une réponse à la pandémie de COVID-19, qui a touché toutes les grandes économies occidentales.

Le Canada n’a pas été le seul à augmenter sa dette afin que ses citoyens puissent rester chez eux et limiter la propagation de l’infection. La Banque du Canada a abaissé le taux du financement à un jour à 0,25 pour cent et est intervenue massivement pour racheter la dette du gouvernement.

Initialement, on pensait que ces hausses d’inflation s’inverseraient à mesure que les problèmes de chaîne d’approvisionnement seraient résolus, les banques centrales ont donc été lentes à réagir.

Mais cette hypothèse s’est révélée fausse. À mesure que la pandémie reculait, les Canadiens ont commencé à dépenser l’argent qu’ils avaient mis de côté pendant le confinement. Avec la faiblesse des taux d’intérêt, les prix des actifs comme les maisons et les actions ont considérablement augmenté. L’invasion russe de l’Ukraine a ajouté un autre choc économique.

À ce stade, une inflation élevée commençait à s’ancrer dans les attentes des entreprises, des syndicats et des particuliers. Comme le montre l’histoire, une fois l’inflation ancrée dans l’économie, il est très difficile de la renverser.

Maîtriser l’inflation

La Banque du Canada, bien que lente à réagir, a réussi à inverser la tendance croissante de l’inflation en augmentant les taux d’intérêt à 10 reprises entre mars 2022 et juillet 2023 et en augmentant le taux du financement à un jour à 5 pour cent.

L’inflation est tombée à 3,1 pour cent en octobre et novembre 2023, suscitant l’optimisme quant au retour à des niveaux qui garantiraient à la Banque du Canada que l’inflation avait été maîtrisée.

Bien que l’inflation sous-jacente reste obstinément supérieure à 3 pour cent, ce succès relatif a permis à la banque centrale de maintenir le taux du financement à un jour à 5 pour cent, augmentant ainsi la possibilité d’une baisse des taux d’intérêt.

Cette confiance s'est confirmée lorsque l'IPC de janvier s'est établi à 2,9 pour cent, juste à l'intérieur de la fourchette opérationnelle de la Banque du Canada.

Il est clair que les banques centrales doivent agir dès que possible pour empêcher que les anticipations inflationnistes ne s’enracinent dans l’économie. Une fois enracinée, l’économie finit par supporter des souffrances considérables pour inverser la tendance – des souffrances qui ne sont pas réparties uniformément au sein de la population.

Frais de nourriture et de logement

Les taux d’intérêt et l’inflation sont inextricablement liés et affectent les ménages de différentes manières. L’IPC mesure le taux d’inflation d’un panier de biens, mais tous les ménages ne consomment pas tous les biens du panier et tous les prix n’augmentent pas au même rythme. Par conséquent, l’impact de l’inflation varie selon les groupes.

Les ménages les plus jeunes et les plus pauvres consacrent une part disproportionnée de leurs revenus à l’alimentation, dont les prix ont fortement augmenté au cours des deux dernières années. De même, ceux qui font la navette depuis la périphérie des zones métropolitaines ont été confrontés à des coûts de déplacement plus élevés lorsque les prix de l’essence ont grimpé.

Toutefois, la plus grande anomalie réside dans les coûts du logement, où la hausse des taux d’intérêt destinée à réduire l’inflation se traduit automatiquement par une hausse des coûts de location et des coûts de logement imputés.

Les deux tiers des locataires canadiens et américains se trouvent dans des situations de logement inabordables

Dans son rapport sur l'IPC de janvier 2024, Statistique Canada a indiqué que les coûts de location ont augmenté de 6,2 pour cent d'une année sur l'autre, tandis que l'inflation des prix des aliments était toujours en hausse de 3,9 pour cent.

Les coûts de nourriture et de logement représentent ensemble 45 pour cent de l’IPC, mais les ménages les plus jeunes et les plus pauvres ont souffert de manière disproportionnée parce que leur indice des prix est davantage orienté vers la nourriture et le logement.

Un jeu d'attente

L'impact des taux d'intérêt plus élevés sur le marché hypothécaire canadien dépend essentiellement de l'échéance du prêt hypothécaire d'une personne et du contrôle des loyers.

De nombreux ménages bénéficiant d’un prêt hypothécaire à taux variable ou renouvelant leur prêt hypothécaire pendant cette période de taux d’intérêt élevés sont aux prises avec des versements hypothécaires considérablement plus élevés.

De plus, ceux qui savent qu’ils devront renouveler leur prêt hypothécaire au cours de la prochaine année prennent des mesures pour s’adapter à ces augmentations.

En fait, environ 20 pour cent des prêts hypothécaires détenus par certaines des plus grandes banques du Canada sont amortis négativement, ce qui signifie que les paiements des propriétaires ne couvrent pas les frais d'intérêt mensuels. Ainsi, chaque mois, le montant dû sur le prêt hypothécaire augmente. Il va sans dire que nombreux sont ceux qui espèrent de toute urgence une baisse des taux d’intérêt en 2024.

À l’heure actuelle, la Banque du Canada attend de voir ce qu’il adviendra de l’inflation dans les prochains mois avant de décider si elle maintiendra le taux du financement à un jour là où il est, le diminuera ou l’augmentera. Cette décision dépend de la question de savoir si le taux d’inflation sous-jacent ou sous-jacent s’aligne sur sa zone cible.

La banque centrale est bien consciente que signaler une réduction trop tôt pourrait entraîner une augmentation des dépenses de consommation et une hausse de l’inflation. Les taux d’intérêt pourraient donc rester là où ils sont pendant encore plusieurs mois. Même si l’inflation des prix du logement et des produits alimentaires se modérera, ne vous attendez pas à ce que les prix réels reviennent aux niveaux d’avant la pandémie.

Les auteurs ne travaillent pas, ne consultent pas, ne détiennent pas d’actions ni ne reçoivent de financement d’une entreprise ou d’une organisation qui bénéficierait de cet article, et n’ont divulgué aucune affiliation pertinente au-delà de leur nomination universitaire.