Comment le métaverse pourrait changer le but et l'ambiance des villes


Un avenir marqué par le Métavers pourrait changer fondamentalement notre façon de fonctionner au quotidien. (Marc Lee/Wikimedia Commons), CC BY-SA

Plusieurs entreprises, dont Apple et Microsoft, font le pari que le monde de demain se réalisera, au moins en partie, dans le métaverse. À cette fin, Microsoft a récemment acquis le géant du jeu vidéo Activision Blizzard pour 68,7 milliards de dollars.

si les citadins de demain préfèrent le métaverse aux magasins physiques et autres équipements urbains, qu’est-ce que cela signifiera pour les villes et à quoi serviront finalement les villes ?

Comment le métaverse pourrait changer le but et l'ambiance des villes

Cette vision du futur peut sembler assez dystopique, mais profitons-en pour imaginer à quoi pourraient ressembler les villes de demain.

De la science-fiction à la réalité

Le terme métaverse ne vient pas des domaines de la science et de la technologie, mais plutôt de la science-fiction. Neal Stephenson a inventé le terme en 1992, dans son roman Snow Crash pour désigner un environnement urbain virtuel dystopique.

Le métaverse de Stephenson est dépeint comme un très long boulevard généré par de puissants ordinateurs. Il est contrôlé par le Global Multimedia Protocol Group, qui gère les permis de construire, réglemente le zonage et délimite les limites des commerces, des parcs et des espaces publicitaires. Ces espaces, loués ou achetés par de grandes entreprises, font du métaverse un environnement urbain virtuel entièrement contrôlé par des intérêts privés, ceux des géants du numérique.

Environnements urbains virtuels : à vos casques !

Nous dépensons actuellement des sommes astronomiques pour rendre nos villes plus vivables, équitables et durables, mais à quoi servent ces investissements si les citoyens de demain ne feront l’expérience de la ville que virtuellement ?

Commençons par aborder les activités sociales. De nombreuses attractions urbaines telles que les cinémas, les restaurants, les musées et les monuments historiques verront une baisse du nombre de clients franchissant leurs portes. Il est déjà possible de visiter plusieurs musées virtuellement.

L’expérience de réalité virtuelle « Notre-Dame éternelle » a été lancée à Paris en janvier 2021 et permet aux visiteurs virtuels de visiter la célèbre cathédrale.

d’énergie et d’environnement — sont réels et croissants.

Le financement proviendra-t-il des budgets précédemment alloués aux espaces urbains et aux infrastructures ? Nos gouvernements suivront-ils l’exemple de l’Arabie saoudite ou de la Corée du Sud et commenceront-ils à investir dans des infrastructures et des terrains au sein de ces nouvelles villes virtuelles ?

Par exemple, un café matinal entre collègues dans le jardin virtuel de la Tour Eiffel pourrait laisser place, le soir, à des festivités lors d’un match du Super Bowl en réalité augmentée. Ce serait comme avoir des sièges sur la touche, mais avec la possibilité de choisir différents angles de caméra d’un simple geste de la main.

Microsoft propose déjà une vision de cette expérience sportive futuriste avec un casque de réalité augmentée baptisé HoloLens. Non seulement le casque donne aux spectateurs l’impression qu’ils sont assis dans le stade, mais il leur permet également d’interagir avec l’écran à l’aide de gestes de la main.

Sorties urbaines en mode virtuel

La sociabilité de flâner dans les centres commerciaux, déjà virtualisée par la vente en ligne, va-t-elle se réincarner dans le métavers ? Plusieurs entreprises le pensent, dont Samsung et Nike, qui ont lancé des espaces de vente au détail dans le métaverse. Et la société de vêtements Ralph Lauren a lancé une collection numérique dans le monde immersif Roblox en décembre.

Image du concert de Marshmello sur la plateforme Fortnite en 2019.

(Whelsko/Flickr)

Les activités physiques sont également de plus en plus pratiquées virtuellement. Des entreprises comme Peloton proposent désormais des balades à vélo de calibre Tour de France et Giro, sans avoir à se déplacer en Europe. Leur popularité est passée de 1,9 million d’utilisateurs en 2019 à 5,9 millions d’utilisateurs en 2021.

Un autre exemple serait la société Tempo, qui utilise l’intelligence artificielle pour proposer des entraînements à domicile avec un entraîneur personnel virtuel.

Un nouvel exode urbain

Aujourd’hui encore, de nombreuses villes concentrent leur attention sur l’amélioration de la qualité et de la quantité de leurs parcs et espaces verts. Mais à quoi serviront ces parcs et espaces verts, lieux de rencontre, de socialisation et d’exercice, si les citadins de demain pratiquent ces activités en ligne ?

Sans le besoin d’espaces urbains et des entreprises qui les entourent, les avantages de vivre en ville peuvent également diminuer. De nombreux ménages canadiens se sont habitués au télétravail pendant la pandémie et ont depuis choisi de quitter la ville et de profiter de loyers plus abordables. Si, en plus du travail à domicile, de nombreuses personnes sont en mesure d’exercer leurs activités sociales et physiques à distance depuis le métaverse, on pourrait très bien assister à un nouvel exode urbain.

Réinventer l’urbanisme

et les villes doivent commencer à en tenir compte. De nombreux espaces urbains, infrastructures et aménagements devront être revus voire repensés. Ce processus peut prendre plusieurs formes.

Par exemple, une réponse aux promesses de bonheur virtuel des entreprises associées au métaverse pourrait prendre la forme de nouveaux projets urbains, tels que la création de jardins communautaires et le réaménagement des zones côtières en plages urbaines. De telles initiatives, jumelées à une offre renouvelée de logements abordables, pourraient très bien contrer en partie l’exode urbain attendu.

la Silicon Valley se fera un plaisir de fournir les réponses. Il y a peu de choses pour empêcher le monde métaverse dystopique de Stephenson de devenir réalité.

en tant que société

Les auteurs ne travaillent pas pour, ne consultent pas, ne possèdent pas d’actions ou ne reçoivent de financement d’aucune entreprise ou organisation qui bénéficierait de cet article, et n’ont divulgué aucune affiliation pertinente au-delà de leur nomination universitaire.